Depuis quelques années, le Manège de Reims développe un concept original en partenariat avec la Pellicule Ensorcelée (une association qui a pour but de promouvoir la diffusion de courts-métrages).
Il s’agit de proposer, en une seule soirée, deux spectacles : l’un sur grand écran, l’autre sur la scène, et cette fois, en plus, dans la salle.
On se souvient peut-être de cette scène du film de Woody Allen, La Rose pourpre du Caire, où une spectatrice, incarnée par Mia Farrow, se trouve tellement captivée par le film projeté dans la salle obscure qu’elle traverse littéralement l’écran, entraînée, enlevée par le charismatique héros.
Le Bal qui aura lieu au Cirque du Manège de Reims jeudi 16 octobre à 19h30 offre la possibilité de concrétiser ce rêve de tout spectateur : traverser l’écran pour partager l’univers onirique de la fiction.
Le Bal, projeté en première partie de soirée, est un film d’Ettore Scola qui a cumulé en 1984 les plus prestigieuses récompenses : Ours d’argent à Berlin, nomination aux Oscars, 3 Césars dont celui du meilleur film et de la meilleure musique…
Le film est mis en musique par Vladimir Cosma, qui a porté de nombreux grands succès du cinéma français, comme par exemple le thème à la flûte de pan archi-connu du Grand Blond avec une chaussure noire, et fait danser les personnages sur des airs qui font partie de la mémoire collective.
Il retrace, à travers l’histoire d’une salle de bal depuis les années 1930 et le Front Populaire jusqu’à la fin du XXème siècle, toute l’atmosphère de plusieurs décennies. Les relations entre les personnages sont stylisées, parfois jusqu’à la caricature, et passées au crible d’un regard aigu.
Mais la musique de Vladimir Cosma, ainsi que les thèmes les plus célèbres des bals musettes et des danses de tout le siècle passé, empêchent une distance excessive de s’installer entre spectateurs et personnages : le film se regarde autant avec les pieds qu’avec les yeux, consciemment ou non, volontairement ou non.
Et la deuxième partie de la soirée s’avère donc plus que bienvenue : nécessaire, pour ne pas laisser repartir le public avec des fourmis dans les jambes.
En effet, la Compagnie Toujours après minuit prend possession de la scène du Cirque pour y donner un tournoyant spectacle de tango, de danses populaires revisitées (Sevillanas, Otro Country) ou imaginaires (Danse du Balai).
Puis le public est invité à apprendre quelques pas expliqués par les danseurs professionnels de la formation dirigée par Brigitte Seth et Roser Montllo-Guberna.
Le concept est simple.
Publié dans l’Union sous nom marital le mercredi 15 octobre 2008
Les 15, 16 et 17 octobre prochains, la compagnie Art-Terre présente la création de son nouveau spectacle intitulé sobrement Dis ! à la salle Jean Pierre Miquel à Reims.
Sur scène, deux silhouettes rouges apparaissent.
Une violoncelliste, Sophie Delcourt, et une danseuse, Julie Barbier.
Toutes deux enseignent au Conservatoire National de Région de Reims.
Le duo travaille en osmose. C’est un même matériau qui est traduit en deux langues : celle du violoncelle, celle de la danseuse.
La musique interprétée par la violoncelliste a été créée exclusivement pour le spectacle.
La chorégraphe, Catherine Pendelliau, explique la démarche :
« A partir de mes indications, Sophie Delcourt proposait des phrases musicales. Cela tenait d’abord de l’improvisation, mais ce premier jet était ensuite retravaillé, réécrit. »
Certains passages sont proches de la basse continue caractéristique de la musique baroque, qu’on retrouve chez Vivaldi par exemple. D’autres s’apparentent davantage à des bruitages : douces percussions utilisant la caisse de résonance de l’instrument à cordes comme une batterie feutrée, grincements de cordes, mais sans que jamais l’oreille ne se sente agressée par trop de discordances.
Paradoxalement, dans ce spectacle de danse où rares sont les paroles, c’est bien la question du langage qui est au centre. Mais celui du corps, de l’être tout entier.
Les mouvements de la danseuse expriment le double langage que tiennent le corps et les mots, parfois contradictoires. Entre deux ondulations, Julie Barbier laisse échapper quelques phrases énigmatiques : « Oui, non…. C’est mou, c’est élastique, c’est fragile, c’est vivant, c’est cassant, c’est râpeux. »
On ne sait si elle parle des mots ou des corps.
Catherine Pendelliau développe :
« Il n’y a pas de narration dans ce spectacle. Il est impossible, à l’issue de la représentation, de dire « ce qui s’est passé ». Si l’on peut évoquer une référence, ce serait celle du lapin blanc d’Alice au Pays des Merveilles, qui court en tous sens, obsédé par le temps. Il s’agissait de donner corps à la question suivante : « Qu’est-ce qui motive la prise de parole, la mise en danger que constitue toute expression de soi ? »
On assiste à une course effrénée, pressée par le temps, entre deux contradictions, deux indécisions, à peine interrompues par quelques instants de grâce, quelques moments de plénitude.
Une image de la précipitation où nous jette la vie moderne. La vie, tout court, peut-être.
Le spectacle est organisé avec le partenariat de l’ORCCA (Office Régional Culturel de Champagne-Ardenne) et la Ville de Reims.
Publié dans l'Union sous nom marital le 15 octobre 2008
Ceci est un book en ligne. Y sont archivés la plupart des deux cents articles publiés dans la presse depuis octobre 2008, toujours au minimum une semaine après leur publication, afin d'y être
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La lecture par catégories facilite l'approche.
Nota bene
Ces textes furent rédigés pour une presse dite populaire : la prise en compte du lectorat limite donc l'usage des références culturelles et des figures
stylistiques.