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9 février 2010 2 09 /02 /février /2010 21:15
« Sens Altérations », quatre façons de donner corps à ce qui perturbe nos sens.

On connaissait la semaine des quatre jeudis dont l’idée seule faisait danser de joie les écoliers de jadis. On découvre maintenant le mois des trois jeudis où rien, pas même le fait que la bise soit venue, n’empêche ces artistes de danser. 
Le 8 janvier au Grand Théâtre, les « Danses Utopiques » ouvraient en effet une série de trois spectacles de danse contemporaine. Demain, ce sera au Manège que l’on pourra assister à « Sens Altérations », avant de découvrir, jeudi 22 janvier, au Conservatoire, les « Danses Plurielles », qui réuniront en un même lieu des styles de tous horizons et continents. 
Ce triptyque de chorégraphies, intitulé comme les années précédentes « Hors les Murs », est organisé par « le Laboratoire des Compagnies », plateforme intégrée à la DRAC et dirigée par Marilen Iglesias-Breuker avec sa compagnie, « Icosaèdre », qui réunit et diffuse chaque année des extraits de créations de la saison écoulée, de chantiers en cours, ... Un condensé de la vie chorégraphique de la région. Un grand zapping au ralenti, un panorama assez approfondi pour s’imprégner de chaque univers artistique et donner envie d’y revenir.
La soirée que propose demain le Manège est construite autour de la succession de quatre spectacles d’une demi-heure environ. Tout en étant autonomes, puisque chacun d’eux est conçu par un chorégraphe différent et réalisé par sa propre compagnie, ils s’articulent autour d’une thématique commune : quatre façons de rendre visibles les divers phénomènes qui peuvent altérer nos sens et notre perception du monde. D’où le titre : « Sens Altérations », les altérations des sens.
 « Précaire », d’abord, de Marinette Dozeville, met en évidence la fragilité de tous les appuis physiques, psychiques, sociaux qui nous soutiennent sans qu’on s’en aperçoive : rien de tel que de perdre l’usage d’une faculté ou d’un membre pour s’apercevoir de son indispensable utilité, alors même qu’on avait tendance à l’oublier. 
« Latitude de pose » de Yasmine Hugonnet emprunte son titre à la technique photographique, puisque le terme désigne l’amplitude de sur ou de sous-exposition supportable par une pellicule argentique qui permet d’obtenir une image lisible. D’autres concepts sont ainsi traduits en langage chorégraphique : profondeur de champ, cadrage,… Une transposition qui suscite la curiosité.
« Pandore », d’Agnès Pancrassin, incarne les bouleversements intimes qui, parfois, s’échappent de la boîte du même nom, lorsque, instablement blottie en notre for intérieur, à la merci du premier choc qui la fracasse, elle en libère les passions enfouies.
Enfin, « The Stillest », d’Eric Senen, adaptant l’essai de la romancière anglaise Virginia Woolf, « On being ill », explore les perceptions modifiées d’un corps réduit à la « très calme » faiblesse imposée par la maladie. 

Publié dans l'Union sous nom marital le 14 janvier 2009 


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31 janvier 2010 7 31 /01 /janvier /2010 22:50

Après avoir accueilli depuis la rentrée de septembre pas moins de treize spectacles allant de la danse contemporaine au cirque en passant par la musique ou le cinéma, le Manège continue de faire tourner la tête de ses spectateurs et propose dix autres manifestations pour le premier trimestre de 2009. Poursuivant une programmation toujours aussi éclectique, il injecte en des lieux abrités de vieilles pierres l’énergie d’un art d’avant-garde.

En effet, les bâtiments seuls du Manège et du Cirque, inscrits à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques, méritent le détour. Conçus au XIXème siècle par l’architecte Narcisse Brunette, ils furent ouverts pour la première fois en 1867, et comptent, entre autres lettres de noblesse, le passage sur leur scène de la mythique tragédienne Sarah Bernhardt. Mais c’est en 1991 que les deux édifices furent réhabilités. Ils sont désormais estampillés « scène nationale ».

 La saison 2009 s’inaugure le quinze janvier avec un spectacle intitulé « Sens altérations » qui associe quatre chorégraphes et trois parties, et aborde au moyen de la danse des thèmes aussi bien politiques que plus personnels.

Cinq jours plus tard, ce sera Halfaouïne, représentation à laquelle prête son nom un quartier de Tunis. En plus d’avoir inspiré il y a dix-huit ans le beau film du cinéaste Férid Boughedir : Halfaouïne, l’enfant des terrasses, le quartier abrite traditionnellement les artistes : chanteurs, poètes, acteurs, danseurs, sans oublier l’école de cirque qui s’y est implantée, inspirée notamment par le CNAC (Centre National des Arts du Cirque) de Chalons en Champagne. Les prouesses acrobatiques des danseurs seront accompagnées de chant soufi, comme pour recréer l’atmosphère de ce lieu d’outre Méditerranée.

De plus, deux autres soirées baptisées « Les grands soirs du Manège » prêtent la scène du Cirque aux univers d’artistes particuliers afin que s’en dégage leur propre alchimie. Les trois et quatre février d’abord, les « hommes penchés », sous la direction de Christophe Huysman, donnent leur virtuosité en spectacle autour d’un agrès expérimental et virevoltant, un mât nommé « mâtitube ».

Le 17 février ensuite, le « Vivarium studio » de Philippe Quesne construit un univers onirique qui tient de la boîte à malice : plasticiens, acteurs, danseur-musicien et bricoleur lunaire se croisent dans une atmosphère singulière et inclassable.


Publié dans l'Union sous nom marital le 24 décembre 2008

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31 janvier 2010 7 31 /01 /janvier /2010 22:33

    Johann Le Guillerm est un personnage peu banal. Une prodigieuse force d’attraction qui donne corps à la pesanteur.Une machine à voyager dans l’espace-temps à lui tout seul.
Dans le temps : par ses poulaines d’acier, ces chaussures médiévales aux interminables bouts pointus, il semble échappé de la Cour des Miracles ou du Parvis du Notre Dame de Paris d’Hugo.
Dans l’espace ensuite, parce qu’il se plait autant à déstabiliser le spectateur qu’à stabiliser dans l'équilibre précaire d’improbables assemblages de poutres de chantier. Ses Architextures exposées au Cirque de Reims donnent une idée assez impressionnante de ce qu’il accomplit durant son spectacle, intitulé Secret.
La démarche se situe à l’exact opposé de ces cirques clinquants qui font claquer leur fouet au pied des fauves en cage et exhibent dans un vacarme assourdissant leurs exploits fanfarons.

Au contraire, Le Guillerm illustre cette maxime emblématique de la sagesse classique : « On ne domine la nature qu’en lui obéissant. » Il ne cherche pas tant à vaincre la pesanteur comme un jongleur ou un trapéziste. Il lui donne corps plutôt, chacune des poutres posées dessinant dans l’espace les lignes de force auxquelles elle doit son fragile équilibre, dans une mécanique qui n’obéit qu’aux lois de l’empirisme le plus humble, dans un contact rugueux avec la matière. Car l’artiste ne cherche pas à éblouir par sa virtuosité. Comme l’alchimiste du Moyen-Age qui prépare à l’aveuglette ses élixirs, il semble plutôt tâtonner, dans une « science de l’idiot » qui ne calcule pas, qui ne croit que ce qu’il voit et ce qu’il touche.
Et ses constructions alambiquées impressionnent justement à cause de leur fragilité : à la limite du point de rupture, il suffirait d’un souffle pour que la Trixélice, le Palque ou le Pentapied s’effondrent comme un château de cartes sur celui qui jongle plus encore avec les mots qu’avec les choses.

Car il y a du suspens dans le spectacle de ces constructions enchevêtrées : le succès n’est jamais assuré, les lois de la pesanteur demeurent souveraines, et l’on se surprend à chercher malgré soi les filins invisibles qui retiendraient cette inconcevable tour de Pise au plafond. Mais non, ce n’est pas à un fil que tout cela tient : c’est à son propre poids, à la gravité même, dont il se joue en la flattant, partenaire d’airain qui ne pardonne pas.

Publié dans l'Union sous nom marital le 13 décembre 2008
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31 janvier 2010 7 31 /01 /janvier /2010 11:58

Depuis quelques années, le Manège de Reims développe un concept original en partenariat avec la Pellicule Ensorcelée (une association qui a pour but de promouvoir la diffusion de courts-métrages).

Il s’agit de proposer, en une seule soirée, deux spectacles : l’un sur grand écran, l’autre sur la scène, et cette fois, en plus, dans la salle.

On se souvient peut-être de cette scène du film de Woody Allen, La Rose pourpre du Caire, où une spectatrice, incarnée par Mia Farrow, se trouve tellement captivée par le film projeté dans la salle obscure qu’elle traverse littéralement l’écran, entraînée, enlevée par le charismatique héros.

Le Bal qui aura lieu au Cirque du Manège de Reims jeudi 16 octobre à 19h30 offre la possibilité de concrétiser ce rêve de tout spectateur : traverser l’écran pour partager l’univers onirique de la fiction.

Le Bal, projeté en première partie de soirée, est un film d’Ettore Scola qui a cumulé en 1984 les plus prestigieuses récompenses : Ours d’argent à Berlin, nomination aux Oscars, 3 Césars dont celui du meilleur film et de la meilleure musique…

Le film est mis en musique par Vladimir Cosma, qui a porté de nombreux grands succès du cinéma français, comme par exemple le thème à la flûte de pan archi-connu du Grand Blond avec une chaussure noire, et fait danser les personnages sur des airs qui font partie de la mémoire collective.

Il retrace, à travers l’histoire d’une salle de bal depuis les années 1930 et le Front Populaire jusqu’à la fin du XXème siècle, toute l’atmosphère de plusieurs décennies. Les relations entre les personnages sont stylisées, parfois jusqu’à la caricature, et passées au crible d’un regard aigu.

Mais la musique de Vladimir Cosma, ainsi que les thèmes les plus célèbres des bals musettes et des danses de tout le siècle passé, empêchent une distance excessive de s’installer entre spectateurs et personnages : le film se regarde autant avec les pieds qu’avec les yeux, consciemment ou non, volontairement ou non.

Et la deuxième partie de la soirée s’avère donc plus que bienvenue : nécessaire, pour ne pas laisser repartir le public avec des fourmis dans les jambes.

En effet, la Compagnie Toujours après minuit prend possession de la scène du Cirque pour y donner un tournoyant spectacle de tango, de danses populaires revisitées (Sevillanas, Otro Country) ou imaginaires (Danse du Balai).

Puis le public est invité à apprendre quelques pas expliqués par les danseurs professionnels de la formation dirigée par Brigitte Seth et Roser Montllo-Guberna.

Le concept est simple.

Un, on regarde ; deux, on apprend (pendant quarante minutes) ; trois, on pratique, et on s’en donne « à corps joie ».

 

 

Publié dans l’Union sous nom marital le mercredi 15 octobre 2008

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31 janvier 2010 7 31 /01 /janvier /2010 11:55


Les 15, 16 et 17 octobre prochains, la compagnie Art-Terre présente la création de son nouveau spectacle intitulé sobrement Dis ! à la salle Jean Pierre Miquel à Reims.

 

Sur scène, deux silhouettes rouges apparaissent.

Une violoncelliste, Sophie Delcourt, et une danseuse, Julie Barbier.

Toutes deux enseignent au Conservatoire National de Région de Reims.

  Le duo travaille en osmose. C’est un même matériau qui est traduit en deux langues : celle du violoncelle, celle de la danseuse.

  La musique interprétée par la violoncelliste a été créée exclusivement pour le spectacle.

La chorégraphe, Catherine Pendelliau, explique la démarche :

« A partir de mes indications, Sophie Delcourt proposait des phrases musicales. Cela tenait d’abord de l’improvisation, mais ce premier jet était ensuite retravaillé, réécrit. »

 

Certains passages sont proches de la basse continue caractéristique de la musique baroque, qu’on retrouve chez Vivaldi par exemple. D’autres s’apparentent davantage à des bruitages : douces percussions utilisant la caisse de résonance de l’instrument à cordes comme une batterie feutrée, grincements de cordes, mais sans que jamais l’oreille ne se sente agressée par trop de discordances.

Paradoxalement, dans ce spectacle de danse où rares sont les paroles, c’est bien la question du langage qui est au centre. Mais celui du corps, de l’être tout entier.

 

Les mouvements de la danseuse expriment le double langage que tiennent le corps et les mots, parfois contradictoires. Entre deux ondulations, Julie Barbier laisse échapper quelques phrases énigmatiques : « Oui, non…. C’est mou, c’est élastique, c’est fragile, c’est vivant, c’est cassant, c’est râpeux. »

On ne sait si elle parle des mots ou des corps.

 

Catherine Pendelliau développe :

« Il n’y a pas de narration dans ce spectacle. Il est impossible, à l’issue de la représentation, de dire « ce qui s’est passé ». Si l’on peut évoquer une référence, ce serait celle du lapin blanc d’Alice au Pays des Merveilles, qui court en tous sens, obsédé par le temps. Il s’agissait de donner corps à la question suivante : « Qu’est-ce qui motive la prise de parole, la mise en danger que constitue toute expression de soi ? »

 

On assiste à une course effrénée, pressée par le temps, entre deux contradictions, deux indécisions, à peine interrompues par quelques instants de grâce, quelques moments de plénitude.

Une image de la précipitation où nous jette la vie moderne. La vie, tout court, peut-être.

  Le spectacle est organisé avec le partenariat de l’ORCCA (Office Régional Culturel de Champagne-Ardenne) et la Ville de Reims.

 

 

Publié dans l'Union sous nom marital le 15 octobre 2008

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Anne Paulerville

  • : La danse du sens
  • : Ce site est un book en ligne où sont archivés la plupart des deux cents articles publiés dans la presse depuis octobre 2008. La consultation par catégories facilite la lecture.
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Il paraît que le sens peut danser sur les mots


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Ces textes furent rédigés pour une presse dite populaire : la prise en compte du lectorat limite donc l'usage des références culturelles et des figures stylistiques.



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