7 mars 2010
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Crédit Photo : Doisneau
Régulièrement, on nous parle de la réforme de l’ « ortograf ». Dernièrement encore, elle ressort des cartons.
Il faut bien, pour continuer à nier que le niveau baisse alors qu’une étude montre qu’ « en vingt ans, sur une même dictée, le pourcentage d’élèves qui faisaient plus de 15 erreurs est passé de 26 % à 46 % », changer l’unité de mesure pour obtenir le résultat qu’on souhaite. On est mauvais en orthographe ? Supprimons l’orthographe ! On a de la fièvre ? Cassons le thermomètre !
Car ce que certains prônent, c’est tout simplement d’écrire en phonétique. En « fonétik ». Youpi, écrivons tous en sms. Finie la beauté de la langue, son intelligence ! Pouah, cachez ces gros mots que l’on ne saurait ouïr ! « Trop prise de tête ! » Z’avez raison, mieux vaut penser avec ses pieds. La tête, ça sert à rien !
Certes, quelques bizarreries pourraient être aplanies. Mais dans leur immense majorité, les règles s’expliquent. Par quoi ?
Par le bon sens et la logique ; par l’histoire de la langue et les évolutions des mots. Les difficultés n’en sont que les traces. Les gommer rendrait invisibles toutes les ramifications qui unissent les mots et révèlent leur sens caché, empêcherait toute réflexion de fond.
Cela ferait du français courant en un dialecte utilitaire, permettant d’acheter du pain et de parler de sa dernière soirée, mais en aucun cas d’exercer son esprit critique. Cela rendrait impossible la lecture de toute œuvre des siècles passés. Cela ferait du français littéraire une langue morte. Cela ferait de notre somptueuse langue, façonnée par plus de mille ans d’évolution, où s’écrivirent une part majeure des plus grands chefs-d’oeuvre de la pensée humaine, un patois de village.
Comment mieux couper un peuple de sa culture et lui ôter ses moyens de réflexion pour en faire un mouton à consommer ?
Publié dans l'Hebdo du Vendredi le 6 novembre 2009