7 mars 2010
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La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen inspirée de la philosophie des Lumières est adoptée à la Révolution Française le 26 août 1789. Mais les femmes en sont curieusement absentes. Elles n’existent tout simplement pas en termes de droit. On peut certes comprendre que les révolutionnaires avaient assez à faire avec l’abolition des privilèges de la noblesse et la défense des paysans misérables, et que l’urgence était de fonder les bases d’une nouvelle société. A chaque temps ses priorités. Et puis, on savait bien à l’époque que, les femmes étant connues pour leur bigoterie, leur donner la parole dans le débat public revenait à servir sur un plateau à l’Eglise, alors indissociable du pouvoir royal, de ferventes avocates.
Mais Olympe de Gouges ne l’entend pas de cette oreille, et deux ans plus tard, en septembre 1791, elle rédige, non sans finesse et ironie, calquée sur le texte cité plus haut, une « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne » qui sera présentée à l’Assemblée Nationale le 28 octobre 1791.
Comme il fallait s’y attendre, les mâles politiques ne tardent pas à faire passer pour hystérique cette voix de la raison un peu plus aiguë que la leur, et le 3 novembre 1793, Olympe est guillotinée, comme tant d’autres, hommes ou femmes, qui ont payé de leur vie le courage de défendre leur liberté.
Aujourd’hui encore, d’autres femmes sont enterrées vivantes sous de sombres linceuls, fouettées si elles ne portent pas la bonne coupe de tissu ou privées de nourriture par leur mari si elles ne le satisfont pas en tout : comme Loubna Al Hussein, journaliste soudanaise dont le procès la voit menacée de coups de fouets pour avoir porté un pantalon sous son voile agréé.
La lutte contre l’esclavage n’est toujours pas un vain mot.
Publié dans l'Hebdo du Vendredi le 4 septembre 2009