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7 mars 2010 7 07 /03 /mars /2010 14:02
http://www.schtroumpfs.org/ecrire/upload/ecolier.jpg


Chacun son camp. Il y a ceux qui y entrent d’un pas décidé, dans cette rentrée, et ceux chez qui elle entre par effraction. Ceux qui lui rentrent dedans, façon bélier cognant avec enthousiasme à la porte de l’année qui commence ; et ceux qui y sont projetés, bousculés sans ménagement comme un acteur amnésique sur la scène du théâtre. Ceux qui ont oublié leur texte et leurs habitudes, ceux dont les retours de vacances ressemblent à des retours de manivelle : quand tout ce qui n’a pas été fait au départ ne l’est curieusement toujours pas au retour (factures et paperasses en retard, maison en désordre, bonnes résolutions toujours à l’état de dossier classé sans suite,…). 
Il y a aussi ceux que le sort s’amuse à assommer même quand ils ont tout planifié, dans leur joli agenda tout neuf : la porte du congélateur qui prend un malin plaisir à rester entrouverte la veille du jour J et vous laisse au petit matin une mare à éponger à l’heure de se mettre sur son 31 ; la voiture oubliée quelques semaines qu’on retrouve à la fourrière quand on a prévu d’arriver une demi-heure en avance et qu’on finit par courir en retard derrière un bus,…
 
Voilà le pas gai pour ceux qui rament.
 
Mais il y a le gai, pourtant : le bonheur de rentrer en son foyer, de vider son sac du moindre grain de sable dépaysé comme la maman d'Amélie Poulain, de tout nettoyer, de tout ranger, de trier, de se réapproprier le moindre recoin de ses placards, de huiler les rouages de la nouvelle organisation qui s’annonce, de tout remettre à neuf.
« Siffler en travaillant » comme Blanche Neige au grand ménage d’automne de sa maison forestière entourée de marronniers, admirant dans le vernis sans poussière de son logis le reflet de sa perfection future.



Publié dans l'Hebdo du Vendredi le 28 août 2009
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7 mars 2010 7 07 /03 /mars /2010 13:59
http://denissoupault.files.wordpress.com/2009/05/im-469-statue-de-la-liberte-new-york.jpg


Un siècle et demi après la première colonie anglaise durablement établie en Amérique du Nord par les passagers puritains du Mayflower, qui fuyaient en 1620 les persécutions religieuses, les habitants du Nouveau Monde, lassés de payer trop de taxes à la Couronne Britannique sans pour autant être représentés au Parlement, décident de revendiquer leur indépendance. La guerre dura huit ans, de 1775 à 1783, et fut soutenue par le marquis de La Fayette, la France ne perdant jamais une occasion de combattre le voisin et rival anglais. De là naquit l’amitié indéfectible malgré les divergences entre la France et les Etats-Unis. 
Le 4 juillet 1776, le peuple américain adoptait la Déclaration d’Indépendance, rédigée par Thomas Jefferson. Les premières phrases issues de la Philosophie des Lumières européenne ont inspiré notre Déclaration nationale des Droits de l’Homme et du Citoyen en 1789 et gardent aujourd’hui encore toute leur puissance symbolique : 
« Nous tenons pour évidentes pour elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. »
La date du 4 juillet fut choisie pour la fête nationale américaine, qui célèbre chaque année avec force drapeaux, défilés, confettis et pom-pom girls les idéaux de la liberté.
C’est pour célébrer son centenaire, le 4 juillet 1876, que la statue de la liberté devait être offerte par la France aux Etats-Unis. Mais le colosse du sculpteur Bartholdi n’arriva à Liberty Island, au sud de Manhattan, que dix ans plus tard, en 1886. 

Publié dans l'Hebdo du Vendredi le 3 juillet 2009
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7 mars 2010 7 07 /03 /mars /2010 13:53
2009-CevRieu-ReducBlov-179.jpg
Les vacances, c’est un peu l’aspirateur qui fait le ménage dans nos vies encombrées de citrons trop pressés. « Vacances », ça vient du latin vacuum, le vide. Or en anglais, le « vacuum cleaner », c’est l’aspirateur, ce qui nettoie par le vide.
On respire la vacuité du temps qui passe. Comme on trie le désordre pour enfin apercevoir la moquette sous les affaires qui traînent, on se débarrasse d’un emploi du temps surchargé pour enfin redécouvrir la beauté du ciel bleu et du brin d’herbe qui danse au vent.
Et pourtant, comme on est tenté de les remplir comme des valises trop étroites, ces vacances tant attendues, d’y fourrer tout ce qu’on n’a pas pu faire pendant le reste de l’année et qui attend, entassé dans un coin de nos rêveries : promenades ou baignades, retour aux sources ou goût de l’extrême, découvertes ou retrouvailles, bricolages ou voyages,…
Mais si l’on apprenait à faire du tourisme autour de chez soi, à visiter ce qu’il y a à voir dans sa région, et que des touristes viennent d’ailleurs admirer du monde entier, au lieu de rejoindre le troupeau innombrable des transhumances vacancières ? Deux crashs d’avion en moins d’un mois, ça fait réfléchir, tout de même. Non content de propager les épidémies, il pollue, énormément : pour 500 km, l’empreinte écologique d’un trajet en avion est presque 3 fois plus grande qu’en voiture et 6 fois plus qu’en train ou même en bus. Il faudrait planter des dizaines d’arbres pour compenser les rejets carboniques d’un seul trajet en avion long courrier. 
Admirer l’exploit technique de cette belle invention, oui.
Mais en abuser inconsidérément, non : à consommer avec modération.
Vivent les vacances sans avion ! 
 

Publié dans l'Hebdo du Vendredi le 3 juillet 2009
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7 mars 2010 7 07 /03 /mars /2010 13:50
http://imalbum.aufeminin.com/album/D20050428/97946_XAOVUFRAWUXI774FJFF4RNZQ1S2AMY_guadeloupe_mars_2005_068_H225556_L.jpg
Le 28 juin 1635, sous le règne de Louis XIII, les premiers colons français de la Compagnie des Iles de l’Amérique occupent la Guadeloupe. 
Découverte en 1493 par Christophe Colomb, l’île s’appelait alors Karukera, « l’île aux belles eaux ». Peuplée jusqu’au IXème siècle par les Arawaks, civilisation pacifique à qui l’on doit, paraît-il, la merveilleuse invention du hamac (rien que pour cela, qu’ils en soient remerciés), elle fut ensuite conquise par les Indiens Caraïbes ou Kalinas, nettement plus belliqueux, dont le nom a donné « cannibale » en passant par l’espagnol. 
Au début du XVIIème siècle, ils commencent  à s’impatienter de voir ces marins s’installer sur leur territoire, et le font savoir par quelques massacres énergiques : et comme il n’y a pas d’or, l’île n’intéresse que peu les conquistadors espagnols. Ils la laissent volontiers aux mains de leurs rivaux anglais et français qui s’allient contre les Indiens, leur ennemi commun. En 1641, il ne reste plus aucun autochtone en Guadeloupe. 
Commence alors le peuplement actuel, constitué majoritairement par les descendants des colons, souvent paysans pauvres de l’Ouest de la France, et ceux des esclaves débarqués par le commerce triangulaire qui se développa pendant  des siècles entre l’Europe, l’Afrique et les Antilles.
On y cultive d’abord le tabac qui acidifie les sols et les rend impropres à toute autre culture vivrière, contribuant ainsi à affamer les populations locales des pays les plus pauvres aujourd’hui encore : véritable poison pour la terre avant de l’être pour les poumons. Un argument humaniste et écologique de plus pour ceux qui voudraient arrêter de fumer.



Publié dans l'Hebdo du Vendredi le 26 juin 2009
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7 mars 2010 7 07 /03 /mars /2010 13:48
 http://www3.ac-nancy-metz.fr/ien-bar/IMG/Image/momes69/insolites/le-moustique-38040.jpg 
Ah, l’été ! Ses flâneries au bord de l’eau ou des concerts, ses siestes alanguies dans les herbes folles ombragées des grands arbres, ses soirées … - Bzzz. - Pardon ? –Bzzz ! 
- Qui ose ainsi interrompre une si douce rêverie ? Qui ose importuner le débonnaire lecteur ? Qui ose troubler de ses intempestives piqûres le repos de l’innocent promeneur ? Car le moustique, non content de vibrionner à nos oreilles agacées, nous pompe le sang.
Certes, si nous subissons souvent un ciel bas et gris, au moins n’avons-nous pas de mosquitos qui tuent comme le paludisme sous les tropiques. 
Mais aussi petites que soient nos bestioles, elles n’en restent pas moins exaspérantes. Car le pouvoir de nuisance ne se mesure pas toujours à la taille. Par exemple, le bacille de la peste est nettement plus petit qu’un tagueur sans talent, mais on ne peut nier que les dégâts qu’il provoque sont tout de même un peu plus graves, quoique guère moins esthétiques.
Mais l’homme n’a pas le monopole de l’injustice. La nature est souvent plus cruelle que la civilisation. Ainsi peut-on proclamer que nous sommes tous libres et égaux en droits, le moustique n’en a cure, et inflige ses piqûres sans aucun souci d’équité. Si certains sont miraculeusement épargnés, d’autres au contraire jouent le rôle de para-moustique pour toute la compagnie, avec un sens du dévouement et du sacrifice héroïque. Sans parler des infortunés allergiques.
Aussi ces bestioles contribuent-elles à la fortune des apothicaires et des inventeurs de gadgets en tous genres qui multiplient sprays, crèmes, émetteurs d’ultrasons, mini électrolyseurs, bracelets imprégnés, moustiquaires, etc…  
Bas les pattes, les moustiques !  


Publié dans l'Hebdo du Vendredi le 26 juin 2009
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7 mars 2010 7 07 /03 /mars /2010 13:45
 http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/52/Summer_Solstice_Sunrise_over_Stonehenge_2005.jpg 
  Solstice d’été aux mégalithes de Stonehenge, Angleterre


D’abord, c’est le solstice d’été, le jour le plus long de l’année, quand le soleil (sol) semble s’arrêter (sistere, en latin). Et forcément, nous autres humains en mal d’absolu, ne pouvons pas laisser passer le moindre superlatif sans le célébrer par des pierres alignées ou des danses endiablées.
Mais si la date scientifique est le 21, elle fut symboliquement fixée au 24 juin, où l’on allume les Feux de la Saint Jean, tradition qui perdure aujourd’hui encore çà et là. (Date symétrique de la nuit la plus longue, au solstice d’hiver, le 21 décembre, lui aussi décalé au 24, renaissance de la lumière qui coïncide pour les chrétiens avec celle du sauveur.)
Et comme partout en Europe, les fêtes païennes furent peu à peu associées au cours du Moyen Age aux fêtes religieuses. Ainsi, dans bien des campagnes, le culte des saints catholiques a-t-il remplacé celui des divinités locales et peut-il être considéré comme un polythéisme christianisé qui perdure.
Mais depuis 1982 et l’ère Jack Lang de la culture, le 21 juin, c’est surtout la fête de la musique, joyeux moment de déambulations nocturnes. Revers de la médaille : l’état des rues après beuveries, comme s’il fallait absolument salir pour que la fête soit complète, et les fines mélodies classiques ou traditionnelles de quelques violons égarés qui ont parfois bien du mal à se faire entendre, étouffées qu’elles sont par les sourdes basses des amplis pas toujours très soucieux du respect de la diversité musicale. Mais il suffit de répartir les espaces selon les décibels, pour que toutes les oreilles puissent vibrer selon leurs goûts.


Publié dans l'Hebdo du Vendredi le 19 juin 2009
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7 mars 2010 7 07 /03 /mars /2010 13:32
http://www.animation-fete.fr/images/ballons-de-fete-ballons-publicitaires.jpg
 
Un ballon de baudruche : ça se dégonfle et ça pollue

Festival, comme bal, carnaval, cérémonial ou récital, ne se laisse pas impressionner par les règles de grammaire et fait son pluriel en « -als », n’en déplaise aux originaux asociaux qui les boudent. Ainsi y a-t-il des festivals, beaucoup de festivals. Trop de festivals ? 
Parfois banals, ils se repaissent comme des chacals du vide intérieur qui prolifère sur le trop plein de notre hyperconsommation. Pour mettre en lumière un art injustement oublié, et célébrer le talent à sa juste valeur, soit ! Mais trop d’impôt tue l’impôt, et trop de festivals tue le festival. On finit par ne plus savoir où donner de la fête. 
Ainsi a-t-on pu déplorer à Reims l’échec relatif du festival « Croix Rouge s’affiche », fin mai dernier. Lassitude du public (on ne peut pas non plus passer son temps à taper des mains dans les rues !) et chevauchement de plusieurs festivités (rien que pour la période : Orgeval en fête, La Corrida d’Orgeval, Brut de Scène, la Reims Académie, Et moi et toi !). 
Est-ce bien raisonnable ? « Du pain et des jeux » pour abrutir le peuple, et surtout, qu’il oublie de penser à la crise, de construire des solutions, et d’exercer son esprit critique !
Quand on sait combien coûtent en subventions publiques de telles manifestations, et que par ailleurs tant de chefs d’œuvres architecturaux multiséculaires tombent en ruines... Inutile de se lamenter qu’il n’y ait plus assez d’argent pour les préserver, alors même que nous avons le devoir fondamental de les transmettre aux générations futures, exactement au même titre qu’une planète respirable.
Pourquoi ne pas réfléchir à ce que serait une « culture durable », sur le modèle du développement durable ?



Publié dans l'Hebdo du Vendredi le 19 juin 2009
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7 mars 2010 7 07 /03 /mars /2010 13:29
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/5b/LandsteinerWS.jpg

Professeur Karl Landsteiner, Prix Nobel autrichien de médecine en 1930, 
qui découvrit en 1901 l’existence des groupes sanguins.
On connaissait l’appel du 18 juin, ce jour de 1940 où de Gaulle, général indiscipliné, allumait la petite flamme de la Résistance.
Voici maintenant l’appel du 14 juin : l’appel au don du sang. Dans la série des journées de toutes sortes qui se succèdent pour trouver un écho dans nos vies bousculées : aucune chance de se faire entendre sans créer une Journée, Internationale de préférence. Au moins celle-là est-elle vitale. La date choisie est celle de la naissance, en 1868, du Professeur Karl Landsteiner, Prix Nobel autrichien de médecine en 1930, qui découvrit en 1901 l’existence des groupes sanguins. Enfin, on allait comprendre pourquoi certains fluides étaient compatibles et d’autres non, et rendre possibles les transfusions. Des millions de personnes lui doivent la vie. Mais trop peu de donneurs se pressent pour offrir quelques décilitres de leur hémoglobine, et moins encore de leurs plaquettes. 
Car il est un problème plus grave encore : le don d’organes. Combien de malades en attente de greffe meurent, ou subissent d’interminables années de traitements douloureux, comme les dialyses pour les reins, parce que des familles recroquevillées sur leur deuil refusent de laisser un organe de leur cher disparu revivre ? Le savoir pourrir sous terre tout entier, est-ce donc plus gratifiant que d’offrir à un morceau de chair une nouvelle vie dans un organisme qu’il régénérera ? Dans le doute, on s’abstient. Ce devrait être l’inverse : en l’absence d’opposition nettement formulée de son vivant par le défunt, pour des raisons religieuses, phobiques ou autres, le prélèvement aurait lieu. On ne s’attaque pas à l’intégrité de la personne, ni à sa mémoire, ni même à son apparence : on ne fait que soustraire au pourrissement de la mort un organe. S’y opposer relève du fétichisme, et de la non-assistance à personne en danger.


Publié dans l'Hebdo du Vendredi le 12 juin 2009
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7 mars 2010 7 07 /03 /mars /2010 13:26
http://www.locatelli1.net/jpg/mad0285.jpg
Glissement de terrain après déforestation

L’éco-logie, c’est la connaissance (-logie) de son habitat (oïkos, « maison » en grec). 
Il serait donc vital que la connaissance du milieu réel prime sur l’ensemble de lois virtuelles qui modélisent abstraitement les échanges humains sous le nom d’éco-nomie (de nomos, la  loi). Car notre maison, c’est la Terre. 
Grande nouvelle ! La Terre est ronde, et il n’y en a qu’une ! Nos concitoyens viennent de s’en rendre compte, en accordant un score historique de plus de 16% à des écologistes enfin crédibles. Ronde, donc par définition non infinie, non inépuisable, où tout se tient : l’atmosphère est sans frontières. Nous sommes tous concernés par le réchauffement climatique, les dérèglements divers de la biodiversité et de l’écosystème. Les enjeux ne relèvent pas d’un folklore exotique. Ici aussi, on pâtit de la déforestation sauvage pratiquée sous d’autres latitudes : moins d’arbres, c’est moins d’oxygène, pour tous. 
Cela fait plus de vingt ans qu’en Allemagne, il n’y a plus de sacs en plastique dans les magasins, et que le recyclage est scrupuleusement pratiqué. Mais voici qu’en France, l’écologie entre enfin en politique. Essai à transformer.
Car c’est en cela que la crise pourrait être salutaire : si l’on voulait bien prendre conscience qu’il est inutile de repeindre des murs en train de s’écrouler, et qu’il est au contraire urgent de refonder une nouvelle société, hors des recettes traditionnelles de l’économie classique qui s’effondre. Encore faudrait-il que les acteurs de la gangrène financière, qui nous ont menés au chaos, renoncent à leur credo mortifère, comprennent que la spéculation est le parasite de l’économie, et qu’elle finit par tuer l’organisme dont elle se nourrit : « Qu'importe si je vide la Terre, puisque je remplis mon portefeuille ? De simples vases communicants. Rien ne se perd ! De quoi se plaint-on ? » 


Publié dans l'Hebdo du Vendredi le 12 juin 2009 
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7 mars 2010 7 07 /03 /mars /2010 13:02
Delacroix-Liberte-GavrocheDetail.jpg

Quand on entend 6 juin, on pense au « D Day », au débarquement du 6 juin 1944 où des dizaines de milliers de soldats se font massacrer sous un dantesque déluge de feu pour délivrer l’Europe. 
Mais le 5 et le 6 juin 1832, c’est aussi une insurrection qui inspira à Victor Hugo les chapitres des Misérables qui coûtèrent la vie à Gavroche, sur les barricades que les Républicains érigèrent pour renverser la toute jeune Monarchie de Juillet, pourtant née de la révolte des Trois Glorieuses, à peine deux ans auparavant
Mais la révolution est une kermesse folklorique, une tradition bien de chez nous, comme le camembert ou le vin rouge. Chaque printemps, pendant que bourgeonnent la pâquerette et l’acné, le jeune rêve de lancer du pavé, comme papa. C’est simple, pour combattre la misère, cassons tout et recommençons. Du passé faisons table rase, et asseyons-nous y vite pour être les premiers servis par le nouveau régime. On le sait bien, pourtant, que la violence des révolutions ne fait souvent que remplacer les anciens privilégiés par de nouveaux, et qu’il est mille autres façons de faire avancer une société que de la mettre par terre à grands coups d’état dans les tibias. Certes, plus les puissants sont durs d’oreille, plus la rue doit crier fort. Mais s’il suffisait de hurler sa colère pour rendre les injustices moins criantes, ça se saurait. 
Car la vie politique française ressemble à un vaudeville où l’on claque les portes du pouvoir avec frénésie à la moindre contrariété : de 1792 à 1871, nous avons tout de même été capables d’accumuler pas moins de dix régimes politiques en à peine un siècle ! Comment veut-on que nos voisins anglais perdent une occasion de se payer notre tête, du haut de leur monarchie parlementaire multiséculaire ?


 
Publié dans l'Hebdo du Vendredi le 5 juin 2009  
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Anne Paulerville

  • : La danse du sens
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Il paraît que le sens peut danser sur les mots


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Ces textes furent rédigés pour une presse dite populaire : la prise en compte du lectorat limite donc l'usage des références culturelles et des figures stylistiques.



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