7 mars 2010
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Difficile, ces derniers jours, d’échapper au trouble courant d’informations dont nous aspergent les médias autour de l’affaire Clearstream. Un procès, pensez donc ! Un de ceux dont Hollywood raffole, avec de grosses pointures, de la finance, des réseaux occultes. Un excellent sujet pour un film de prétoire. Rien de tel pour éviter de parler une nouvelle fois des guerres meurtrières qui continuent de faire rage loin des caméras, des questions financières et climatiques sur lesquelles se joue l’avenir de la planète.
Il est vrai qu’un procès présente l’avantage de servir sur un plateau (de la balance) tous les aspects d’un sujet, décortiqués pour nous par juges et avocats : le journaliste n’a plus qu’à écouter et se servir. Quelle aubaine !
Car un procès (en anglas, trial, mise à l’épreuve), c’est avant tout le processus (en anglais, process*) au cours duquel on tente de faire apparaître la vérité. Or la quête du Vrai est, avec l’argent et l’amour, l’un des grands ressorts qui meut l’humanité depuis qu’elle est sortie de ses cavernes. En sciences, cela s’appelle de la recherche, mais le manque de rythme et de glamour de la plupart des scénarios les condamnent aux documentaires de fin de nuit sur Arte. En droit, cela s’appelle une enquête, et plus l’affaire sent mauvais, plus les feux des médias se braquent dessus aux heures de grande écoute.
Car c’est terriblement télégénique, cet apparat désuet de la justice : ces grandes robes, ces effets de manche, ces envolées oratoires. Des acteurs rompus à la rhétorique, une unité de lieu, du velours vert et des tapis rouges,… que demander de plus à l’information spectacle ? Quel beau théâtre !
* Les faux amis des traducteurs sont de bon conseil pour éclairer le sens caché des mots.
Publié dans l'Hebdo du Vendredi le 25 septembre 2009